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La traversée | La Traversée – Cédric Orain
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La Traversée – Cédric Orain

« Après des études d’ingénieur en mathématiques appliquées, j’ai tout arrêté pour faire du théâtre.
J’ai suivi une formation d’acteur au Conservatoire de Grenoble puis à la classe libre du cours Florent.
J’ai fondé la compagnie La Traversée, poussé par une curieuse nécessité de faire un spectacle. J’ai regroupé des textes d’Antonin Artaud, pour faire entendre cette voix lutter contre tous les enfermements. Déjà ça annonçait la couleur…
Quand je fais un spectacle, ou quand j’écris, (mais pour moi c’est presque pareil), je cherche une voix qui a été retirée du domaine de la parole donnée, je cherche ce qu’on a perdu et qu’on n’a pas supporté, je cherche tout ce qui exprime qu’on ne s’habitue pas à vivre dans un ordre imposé.
Je ne travaille pas que sur des fous, des marginaux, des exclus, des oubliés, des condamnés, des persécutés… Non, non pas que ! Un peu quand même mais pas que.

Tous les auteurs que j’aime ont un rapport très marqué à la limite ; Artaud, Bataille, Novarina, Quignard, Deleuze… Chacun, à sa manière, interroge les limites du langage, du corps, du désir, de la raison, etc…
Faire du théâtre et créer des spectacles, c’est peut-être pour moi un moyen de vivre une expérience de la limite, que je place en dehors de la performance ou du défi.
Faire du théâtre, c’est peut-être chercher à se tenir sur la crête qui sépare le langage du cri, le désir de l’effroi, la musique du silence, la raison de la folie, la pensée de la non pensée, etc…
C’est peut-être d’abord pour partager avec le spectateur des questions sur ce qui nous traverse, et non lui dire qui il est, ni comment marche le monde…

À part ça, j’utilise souvent des textes qui ne sont pas destinés au théâtre, et parfois des textes que j’écris. Chercher une histoire pas encore écrite, donner corps à une pensée mouvante, me poussent à écrire avec le plateau, et donc, par la force des choses, à me perdre un peu en route.
J’aime bien être perdu, surtout quand la nuit tombe, ça réveille l’animalité, ça force à la clairvoyance, ça m’oblige à guetter patiemment, ce qui tout à coup pourrait surgir devant moi dans la nuit.
À mort les sorties de secours au théâtre. J’ai besoin qu’il fasse noir. Le théâtre me sert à ça, refaire la nuit, pour moi, pour chacun, pour retrouver au milieu de tout ce qui est obscur, une voix perdue, oubliée, et qui n’a pu sortir.

 

Cédric Orain.