Miss Mae entre en scène.
Elle tente un premier strip-tease, le rate, pour de faux, en faisant pour de vrai, drague un spectateur, pour de faux ou pour de vrai, elle chante une chanson, raconte l’histoire de Mae Dix, arrache sa robe, s’ouvre tout entière dans le noir ou presque, chante son strip-tease, le danse, se jette sur une barre de pole dance, s’acharne, se cambre, tourne autour, jusqu’à ce que son corps brûle, jusqu’à la nudité, mais c’est quoi la nudité ?
Cédric Orain
Je dis striptease et tu penses à cette fille de nuit en strass et silicone, cambrée sous les néons, cette fille qui court de nightclub en peepshow, tu sais, celui qu’est près de la gare.
Je dis striptease et tu vois l’effeuillage, les gants qui tombent, le boa, le porte-jarretelle, les bas résille, Rita Hayworth en noir et blanc talons aiguilles, Lily St Cyr Reine du glamour.
Je dis striptease et tu te rappelles Rita Renoir, tragédienne du strip, son corps sublime offert en scène, dans une petite salle de Montparnasse, qui alpague Monsieur tout le monde et lui gueule « déshabille- toi ! », après tout chacun son tour.
Je dis striptease et t’entends ces tubes rétros où les danseuses s’épluchent au rythme de numéros burlesques à paillettes, de la Rousse explosive à la Soubrette indiscrète, de la Mariée dans son bain à la Délinquante juvénile : strip-farfelu, strip-pervers ou strip-frivole, Bonita Super, Foufoune Darling ou Lili La Pudeur, il y en a pour tous les goûts.
Je dis striptease et t’es déjà sur internet à regarder ces filles toute seules dans leur garage, qui se déssapent en se caressant, qui se déhanchent sur leur barre de pôle dance, et qui sourient à leur webcam, avec tout ce désir même pas à vendre, pour rien, pour le plaisir.
Je dis striptease et c’est l’acteur qui vient sur scène, qui se fait violence, qui prend son pied, qui se livre avec fierté, qui s’expose tout en pudeur, et ses larmes à l’intérieur, et son corps qui dit tout, qui se fout à poil comme on dit, qui se compromet avec joie.
Bienvenue à mon striptease… ça me fout la trouille autant qu’à toi, ça m’excite trop pour pas y aller une fois pour toute une fois encore, jusqu’au bout jusqu’à la mort petite ou grande, jusqu’au corps nu. Et puis après ?
Céline Milliat-Baumgartner
Création et jeu Céline Milliat-Baumgartner
Texte et mise en scène Cédric Orain
Lumière Jean-Claude Fonkenel
Scénographie Denis Arlot
Son Samuel Mazzotti
Production La Traversée
Avec le soutien du théâtre de la Bastille, du Garage théâtre de l’oiseau-mouche, et du studio de l’arcal.
Production Aude Lavigne
Réalisation Franck Lilin
Dates passées :
- Aghja, Ajaccio : les 15 et 16 mars 2013
- Theâtre de la coupe d’or, Rochefort : 12 octobre 2010
- Théâtre de la Bastille : du 3 au 17 décembre 2010
- Théâtre 71 Malakoff : du 11 au 14 janvier 2011
- Scène nationale de Petit-Quevilly Mt St Aignan : 25 janvier 2011
- Le bateau feu, scène nationale de Dunkerque : 16 et 17 février 2011
- Quebec, Carrefour international de Théâtre : 1er au 4 juin 2011
- Théâtre du chêne noir, festival Avignon Off : du 7 au 29 juillet 2011
- Théâtre de la tête noire, Saran : 22 septembre 2011
- Théâtre 140, Bruxelles : du 8 au 10 décembre 2011
- La Mousson d’été, Pont-à-Mousson : le 26 août 2012
Interview France Culture : La Vignette